Emmaüs Défi au service des grands exclus
En 2014, environ 7000 personnes étaient sans abri à Paris intramuros - à la rue, en hébergements d’urgence ou en centres d’hébergement de plus longue durée. Dans toute l’agglomération parisienne, 28 800 sans-domiciles adultes francophones fréquentaient les services d’hébergement et de distribution de repas.
L’objectif fondamental d’Emmaüs Défi est de créer une dynamique d’insertion des « grands exclus », en donnant au travail un rôle central, et en se tournant vers les personnes jugées les plus loin de l’emploi. Par l’absence de critères de sélection à l’embauche, par la collaboration avec les centres d’hébergement de Paris, Emmaüs Défi propose une activité professionnelle de remobilisation à des personnes ayant connu un parcours de rue et développé de trop grandes fragilités.
En développant une innovation sociale, le dispositif « Premières Heures », Emmaüs Défi souhaite les sortir de la rue, et qu’elles n’y retournent pas. Le projet Convergence permet ensuite de traiter de manière coordonnée l’ensemble des problèmes de chaque individu (logement, santé, emploi).
Emmaüs Défi développe ainsi différents services pour employer les salariés en insertion au sein d’un parcours personnalisé : les magasins, qui permettent de former les salariés en insertion dans différents domaines comme la collecte, le tri et la vente, le programme Banque Solidaire de l’Equipement (BSE) qui les forme aux emplois de la logistique et de la livraison, etc… tout en leur proposant un accompagnement personnalisé pour un retour vers l’emploi et un logement pérenne.
Permettre aux salariés en insertion de développer leurs compétences professionnelles
L’objectif de la création d’ateliers de bricolage et de couture est de permettre aux salariés en insertion de développer leurs compétences professionnelles et techniques transversales, et ainsi d’acquérir des savoir-faire indispensables pour se réinsérer plus facilement dans l’entreprise classique.
Ainsi grâce à un parcours d’accompagnement complet, le salarié en insertion pourrait cumuler les savoir-faire suivant :
- Collecte
- Tri
- Réparation
- Vente
- Logistique et livraison
Vers la création de plus d’emplois d’insertion pour répondre aux besoins de la grande exclusion…
Aujourd’hui, Emmaüs Défi accueille 140 salariés en insertion. L’objectif est de passer à 200 d'ici 2018.
Pour cela, Emmaüs Défi doit intensifier son activité. Un des piliers de la structure serait alors d’augmenter ses capacités de réemploi pour accroître les ventes et ainsi développer ses capacités d’accueil de salariés en insertion. Dans un souci de développement, l’association s’emploie également à créer de nouveaux ateliers afin de proposer aux salariés en parcours d’insertion des activités variés, et ainsi s’imposer comme un système d’insertion cohérent aux actions multiples.
Inscrit dans cette perspective de diversification, l’atelier Emmaüs Made est né d’une idée simple : créer de nouvelles pièces avec ce qu’on a sous la main. A travers les activités de l’Atelier Emmaüs Made, Emmaüs Défi souhaite valoriser les objets, vêtements et meubles destinés à être mis en filière de recyclage, en portant une attention particulière à la récupération du matériau bois, dans une dynamique d’économie circulaire. Dans cette optique, des ateliers « meubles » et « couture » sont en cours de développement grâce aux soutiens respectifs de la Fondation Maisons du Monde et de la Fondation Channel.
De plus, Emmaüs Made constitue une approche différente de l’insertion. Ce travail permet en effet un développement de l’estime de soi par la création de produits uniques, utiles et esthétiques, et donne également aux salariés en insertion la possibilité de se familiariser avec les activités de bricolage et de menuiserie, pour leur permettre de se découvrir une compétence en artisanat et d’accéder à des formations qualifiantes dans ce domaine.
Ce type d’activité nécessite donc l’acquisition d’un savoir-faire et d’un outillage spécifique. Il faut alors :
- mettre en place des ateliers de formation pour les salariés en insertion.
- créer le dispositif adéquat pour la réalisation du projet.
Jacques, embauché chez Emmaüs Défi en octobre 2010 à 19 ans
Jacques a été orienté vers Emmaüs Défi en octobre 2010 par la PSA Belleville, sur le conseil d’une bénévole donnant des cours de français aux réfugiés Afghans.
A son arrivée chez Emmaüs Défi, il ne parlait pas le français et, n’ayant jamais été scolarisé, ne savait pas écrire. Il vivait dans un centre d’hébergement d’urgence dont il supportait difficilement les conditions de vie et le choc culturel qu’il subissait quotidiennement.Très rapidement, Emmaüs Défi a été un port d’attache pour Jacques, la « maison » où il se sentait au chaud et peut-être plus en sécurité. Sans ressources jusqu’alors, Emmaüs Défi était également le lieu qui lui permettait enfin de gagner sa vie, mais aussi « l’école » qui lui permettait de mieux comprendre son pays d’accueil et en apprendre la langue ; très rapidement il accepta de suivre les cours de français en interne.
Le renouvellement de son contrat CUI lui permit d’intégrer le CHRS de la structure Urgence Jeunes et ainsi bénéficier de l’accompagnement d’une éducatrice. En janvier 2012, il intégrait un Foyer Jeunes Travailleurs, et poursuivait, sa situation résidentielle étant stabilisée, l’apprentissage intensif du français.
Après 2 années passées à Emmaüs Défi, Jacques était en mesure de comprendre, parler et commencer à lire et écrire le français. Il avait intégré une résidence sociale, dans laquelle il bénéficiait d’un suivi social. Il avait confirmé qu’il était capable de travailler, et que, malgré son jeune âge, c’était une personne fiable sur qui on pouvait compter.
La mise en oeuvre de son projet professionnel pouvait démarrer. Après des hésitations, il envisageait tout d’abord un poste d’employé libre-service dans la distribution. Mais le premier entretien ne fut pas fructueux, et Jacques décida de se tourner vers les métiers du bâtiment. Il put bénéficier d’une préparation à l’entretien afin de savoir se présenter et être plus à l’aise devant un recruteur. En novembre 2013, Jacques a été recruté en CDI sur un poste de manutentionnaire par une entreprise du groupe Vinci (Réso Logistique), après y avoir fait une immersion de 6 semaines. Il avait passé 3 ans à Emmaüs Défi.